Nous,
collectif antifasciste nantais tenions à réagir :
1-
Assimilation piège à con
"Ces
groupuscules extrémistes - d'extrême gauche, comme d'extrême
droite - sont un danger",
J-F Copé, Président de l'UMP.
« Cette
profanation [de la Cathédrale
de Nantes recouverte pas des tags néo-nazis et homophobes]
succède à l'attaque d'une librairie catholique nantaise »,
Christian Bouchet responsable Front National à Nantes
cité par 20minutes.
« La
devanture d'une librairie catholique a également [comme
la Cathédrale de Nantes] fait
l'objet de dégradation »,
article de Novopress (site
de propagation des idées du Bloc Identitaire) cité par
RTL.
Depuis
jeudi dernier, et le décès de notre camarade Clément Méric, nous
assistons, partout, à de nombreuses comparaisons insupportables, à
des assimilations nauséabondes. Tout cela a débuté par le renvoi
dos à dos des « extrêmes », des militants des JNR et
des militants de l'Action Antifasciste Paris Banlieue. Des fascistes
et des antifascistes.
Ces
propos sont simplement révisionnistes, ils nient l'histoire des
fascismes. On ne peut mettre dos à dos les idéologies fascistes,
racistes, homophobes, xénophobes, nationalistes, et les courants qui
militent pour la tolérance, l'Égalité, la Liberté. L'extrême
droite est historiquement et politiquement intrinsèquement violente.
Les
médias en sont à se demander si ce n'est pas notre camarade qui est
à l'origine de sa propre mort. Nous en sommes au point où réagir à
la présence de néo-nazis, connus en tant que tel, par des militants
mais aussi par la police et la justice, paraît incroyable. Ne
faudrait-il pas plutôt se scandaliser par l'absence de réactions
des autres participants à la vente ? Est-il devenu normal
d'afficher ses idées fascistes aujourd'hui, en France ?
Nous
pensons, naïvement, que l'antifascisme reste l'affaire de tous.
Cette
banalisation des idées de haine conduit à d'autres assimilations,
du même niveau intellectuel. Dans la nuit de vendredi à samedi
(7-8juin) la Cathédrale de Nantes a été vandalisée. Même si nous
n'avons pas toutes les informations, nous savons que des tags à
caractère néo-nazi, anti mariage pour tous et sataniques y ont été
découvert. Nous ne nous attarderons pas à expliquer pourquoi un
antifasciste ne peut être responsable d'un tag nazi. Nous préférons
relever la comparaison, relayée par certains médias, faite avec le
tag qui a recouvert une « librairie catholique ».
Lors
de la manifestation en hommage à Clément du jeudi 6 juin, un slogan
avait été peint sur la vitrine de la librairie d'extrême droite
Dobrée. Nous l'assumons.
Nous
refusons l'amalgame honteux entre la dégradation d'un lieu de culte
et un acte politique ciblant une place forte de l'idéologie
identitaire à Nantes.
En
effet, la libraire Dobrée, diffuse un stock non négligeable de
« livres » plus que douteux (intégristes,
réactionnaires, royalistes...) qui sont le terreau culturel des
militants d'extrême droite.
La
librairie accueille des « auteurs » tels que Marion
Sigaut, Johan Livernette, Jehan Morel ou Alain Soral adeptes, entre
autres idées xénophobes, du complot « judéo-maçonnique »
et membres d'égalité et réconciliation, un groupuscule d'individus
« rouge-brun » antisémites. Il est insultant pour les
catholiques nantais -qui n'ont rien demandé- d'être assimilés à
cette librairie d'extrême droite.
Ce
sont les idées véhiculées (entre autres) par ce type de local qui
ont tué Clément.
De
fait, l'inscription « justice pour clément » sur la
vitrine de cette enseigne fasciste est un acte politique assumé, qui
ne saurait être assimilé aux absurdités commises au sein de la
cathédrale nantaise.
2-
Le Parti Socialiste déclare, les antifascistes militent
«Nous
ne laisserons pas des groupuscules, mettre en cause la volonté
d’hommes ou de femmes, de se marier», Manuel Valls,
ministre de l'intérieur.
«Rien
ne devra entraver la marche de la République vers l'égalité »,
Harlem Désir, Premier secrétaire du Parti Socialiste.
Et
pourtant... Depuis le dépôt du projet de loi du « mariage
pour tous », les homophobes défilent. Il n'est pas utile de
rappeler les innombrables déclarations homophobes, intégristes,
fascistes, entendues lors des rassemblements des opposants à cette
loi.
Mais,
pire encore que des défilés, ils prient dans la rue dans la
complaisance la plus totale des autorités, au prétexte de la
liberté d'expression. Depuis des mois nous nous opposons
frontalement, et sans violence, à ces « veilleurs » qui
n'hésitent pas à brandir des banderoles comme « Antifas
agresseurs » au lendemain de la mort de Clément Méric et à
effectuer des saluts nazis, tout cela autour de quelques bougies.
Ce
silence politique entraîne une radicalisation certaine, une mise en
confiance des fascistes et, logiquement, une libération des actes.
Est-il besoin de rappeler les agressions homophobes (Lille, Bordeaux,
Lyon...), racistes (Toulouse, hier encore à Reims) et finalement la
mort de Clément ?
La
rue est abandonnée par ceux-là même qui prétendent se battre pour
l'égalité et le refus de la violence.
Mais,
en plus d'être les seuls à combattre au jour le jour l'extrême
droite, les militants pour l'égalité (LGBT, féministes,
antifascistes...) sont réprimés dans l'indifférence la plus
totale. Dans le même temps; les militants homophobes se permettent
de gazer les forces de l'ordre sans aucune réaction de la part de
ces derniers (cela a été le cas lors de l'envahissement de la gare
par la « manif pour tous » à Nantes).
Après
une manifestation contre l'homophobie, à Nantes, ces dernières
semaines, un camarade a passé deux jours en prison après avoir été
violemment interpellé pour que finalement, grâce à la mobilisation
des antifascistes et des témoignages d'habitants, le tribunal
reconnaisse que les policiers avaient menti pour le faire condamner
(ce n'est que la troisième fois pour l'un d'entre eux).
Un
camarade a été violemment interpellé sans raison dans la rue, hors
de tout contexte politique, par des policiers qui l'ont blessé. Il
s'est vu notifier 45 jours d'ITT.
Après
la manifestation en hommage à Clément du 8 juin, des manifestants
ont été interpellés alors que le défilé s'était déroulé dans
une ambiance dynamique mais non violente. Et la liste est longue...
Les
militants du mouvement social sont continuellement réprimés,
harcelés, blessés par la police.
Dès
lors, comment s'étonner de voir le Parti Socialiste accusé de
récupération lorsqu'il retrouve le chemin de la rue pour pleurer un
militant qu'ils ont, sciemment, abandonné à sa lutte ?
3-
Dissolutions : tout sauf une solution
Non
seulement le pouvoir en place déserte la champ de la lutte, mais il
refuse de répondre politiquement aux récents événements.
Concrètement, le Parti Socialiste se contente de demander la
condamnation des coupables et la dissolution des JNR, qui ne sont que
le service d'ordre du mouvement « Troisième Voie ». Il
refuse d'analyser et de répondre politiquement à ce drame, de
comprendre les causes plutôt que de simplement traiter les
conséquences. La dissolution n'aura comme seul impact que la
possibilité pour ces fascistes de se refaire une virginité
politique sans que cela nuise à leurs activités.
Cela
a été le cas de nombreux membres du groupuscule nazi Unité
Radicale, dont on retrouve des membres dans les groupes identitaires
ou au FN (c'est le cas du responsable nantais C. Bouchet).
Nous
ne pouvons accepter une dénonciation de l'extrême droite et,
simultanément, l'organisation d'une gigantesque rafle de sans
papiers à Barbès, au moment même où un rassemblement en hommage à
Clément était organisé.
L'antifascisme
est d'abord un combat politique, la défense de l'égalité, des
libertés, l'affirmation d'une alternative économique et sociale. La
politique libérale actuellement menée ne peut conduire qu'à
l'exacerbation des tensions, qu'à la désignation de
boucs-émissaires.
L'injustice
sociale est le terreau idéal pour le développement de l'extrême
droite, de ses idées et de ses modes d'actions, de sa violence
verbale et physique.
4-
Marche des fiertés : un cortège revendicatif
Samedi
15 juin aura lieu la « Marche des fiertés » à Nantes.
N'oublions pas l'origine de ce rassemblement, le choix de la date,
toute sa symbolique. N'oublions pas Stonewall,
ces émeutes homosexuelles en 1969, qui préfigurent les Gay Pride.
Les
antifascistes nantais s'associent pleinement à la démarche de
plusieurs organisations qui vont se réunir au sein d'un cortège
revendicatif. Nous refusons de laisser cette manifestation se résumer
à une expression du capitalisme, du consumérisme et de la
caricature.
Samedi
15 juin rendez-vous
13h30
Cours des 50 Otages
Autour
des drapeaux rouge et noir !